Un Noël en Ukraine

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(environ 12 minutes de lecture)

– Maman, qu’est-ce qu’on va faire à Noël ?

Cette question de ses enfants désespérait Oksana. Et plus la date approchait, moins elle avait de réponse à fournir. Car comment acheter des cadeaux quand on peut à peine se nourrir et que les magasins sont détruits ? Comment préparer un repas et une belle table sans électricité ? Comment passer une soirée de fête dans un appartement noir et glacial, menacé par les missiles que l’on entend siffler puis exploser à intervalles irréguliers ?

Depuis 2017, dans un but de dé-russification, l’Ukraine avait fait du 25 décembre un jour férié, afin que l’on puisse fêter Noël ce jour-là, alors que traditionnellement il était célébré le 7 janvier, selon le rite orthodoxe encore basé sur le calendrier julien (remplacé en Europe par le calendrier grégorien à la fin du XVIe siècle). En cette fin d’année 2022, alors que les Russes avaient lancé leur monstrueuse entreprise d’extermination, personne en Ukraine, à part quelques fascistes du Donbass et de Crimée, ne voulait plus dépendre des ordres du patriarche de Moscou, qui encourageait les tortures et les tueries de Poutine.

– Maman, mon copain Marko ira faire Noël chez sa grand-mère…

– Eh ben moi, Klara m’a dit qu’ils allaient quand même se réunir, toute la famille, et qu’ils allaient jouer de la musique et danser.

La pression était forte sur Oksana, et compréhensible. Luba, 9 ans, et Bohdan, 7 ans, étaient en âge de réclamer un moment de chaleur à Noël. Surtout en cette année d’horreurs. Surtout après les semaines qu’ils venaient de vivre, terrés chez eux comme des rats, dans un abri qui ne se réchauffait jamais, dans lequel on se couchait à 19 heures, pour avoir enfin un peu chaud, une douzaine de degrés sous les couvertures, c’était toujours mieux que les –10° dehors et les +7° à l’intérieur de l’appartement. Mais que les journées et les nuits étaient longues, d’autant que la lumière du jour disparaissait à 16 heures pour ne réapparaitre qu’à 8 heures le lendemain… Et ces bruits toujours, ces missiles, et les morts et les souffrances qu’ils impliquaient… Comment ne devenaient-ils pas fous ? Oksana se le demandait parfois, même si elle savait que l’heure n’était pas aux questions. Il fallait tenir, lutter, résister, le Président Zelensky le répétait, combattons et nous gagnerons. Anton lui-même, son mari, était sur le front ; il prenait sa part, il risquait sa vie pour repousser ces hordes qui voulaient les tuer. Elle devait aider Anton, et pour cela elle devait assurer à l’arrière, prendre soin des enfants, ainsi que de ses parents à elle, qui vivaient avec eux depuis l’été, depuis que leur maison avait été détruite, non loin de Boutcha ; ils avaient échappé au massacre, mais ils avaient été traumatisés et ne voulaient plus rester seuls.

Alors Oksana développait des trésors d’imagination pour remplir les matinées, les après-midi et les soirées, afin que chacun.e se sente utile et occupé.e. La solidarité entre voisins battait son plein, heureusement, chacun comprenait qu’aider les autres c’était s’aider soi-même en rendant le monde un peu moins moche ; au moins la guerre avait-elle le mérite de rappeler cette évidence, que l’on oubliait quand on n’avait pas à se battre pour survivre. Trouver des endroits pour allumer des feux et de quoi faire du feu occupait un nombre incalculable d’adultes et d’enfants, ramasser les décombres après des destructions en occupait tout autant, sans parler des visites permanentes chez les uns et les autres, afin de se soutenir, de se divertir, d’apporter peut-être un peu d’eau, de nourriture, ou de quoi se soigner. Beaucoup de personnes toussaient, le froid causait des ravages, déjà des bébés et des personnes âgées mouraient prématurément. Monstruosité de Poutine, et terrible complicité de la majorité des Russes, qui plébiscitaient le monstre depuis 20 ans et affirmaient leur soutien à « l’opération spéciale en Ukraine ». Il avait fallu la mobilisation en masse depuis septembre pour que quelques opposants se manifestent, davantage pour éviter d’être enrôlés que par compassion pour les Ukrainiens, dont le calvaire n’émouvait pas les Russes.

– Maman, on pourrait au moins inviter mes amis, faire un gâteau et mettre des bougies ?! 

– Maman, on pourrait pas allez chez oncle Pavel ? Je pourrais voir ma cousine, ce serait moins triste.

Oksana retenait ses larmes. Noël, il fallait qu’elle trouve une idée pour Noël. Une messe était prévue, suivie d’un rassemblement avec les voisins autour d’un vin chaud, mais ça ne suffisait pas. Il fallait qu’en rentrant chez eux quelque chose se passe. Quelque chose de familial. Conçu par eux et pour eux. 

C’est son mari qui lui en donna l’idée lors d’un des échanges téléphoniques qu’ils arrivaient à organiser, quand Anton avait un moment de répit sur le front, et qu’elle avait pu recharger son téléphone au point d’électricité du quartier alimenté par un générateur de l’aide internationale. Elle se sentit mieux une fois qu’ils eurent trouvé cette idée ; au moins pourrait-elle promettre « une surprise » pour le 25 décembre, qui peut-être redonnerait à Luba et Bohdan le sourire qu’ils n’auraient jamais dû perdre. 

Elle essayait de relativiser leur situation, pensant aux enfants qui étaient arrachés à leur famille par les soldats russes et emmenés en Russie. Oui, Mesdames et Messieurs les habitants du monde, avait-elle envie de hurler, on déporte des enfants qu’on a séparés de leurs parents, quand on n’a pas tué ces derniers, pour éliminer un peuple ! Des enfants sont enlevés par les Russes, à Donetsk, à Marioupol, à Zaporijia, et vous voulez encore discuter avec Poutine, trouver un compromis, négocier ? Hitler est là, devant vous, et vous lui trouvez des circonstances atténuantes, vous le comprenez, vous ne faites rien ?! Vous ne voulez pas entrer en guerre avec lui ?! Ô égoïsme, ô lâcheté ! C’était à hurler.  

– Maman, on aura quand même un petit cadeau ?

– Maman, il faudra téléphoner à Papa.

Le matin de Noël arriva enfin, aussi attendu que redouté. Il était glacial, mais au moins n’y avait-il pas de brouillard. Oksana sortit dans la cour avec le samovar afin de faire chauffer l’eau pour le thé sur le brasero collectif installé dans la cour. Déjà, un homme et une femme étaient là, discutant autour du feu qui ne réchauffait guère tant le froid était mordant. 

– Bon Noël Oksana.

– Bon Noël, les amis. Allez-vous à la cérémonie religieuse de 11 heures ?

– Oui. Je ne suis pas croyant, répondit l’homme. Mais cette année, nous devons tous croire, en nous, en Dieu pourquoi pas, et nous rapprocher les uns les autres, être ensemble pour atteindre notre objectif commun. La paix, la liberté…

– Le chauffage, l’électricité…

Oksana remonta son samovar fumant et prépara le petit-déjeuner pour ses parents et ses enfants. Aujourd’hui, on allait ouvrir un pot de confitures, il y aurait des fruits au sucre sur les biscottes.  

Avec son père, elle retourna ensuite au brasero avec deux bassines en fer remplies d’eau, qu’ils firent chauffer elles aussi.

– Aujourd’hui, on se lave et on change ses vêtements. On se fait beau pour Noël !  

C’était dérisoire, presque mensonger, mais il fallait donner du rythme, se fixer des objectifs, chaque jour, pour ne pas succomber à l’horreur et à l’absurdité du monde. Se laver à 5 dans deux fonds de bassine tiède, la guerre leur avait appris ça. Au moins avaient-ils une idée de la manière dont on vivait dans certains bidonvilles d’Inde ou du Brésil. Oui, mais là-bas il faisait chaud. Ici il faisait froid : mon dieu qu’il faisait froid.

La cérémonie avait lieu dans un gymnase, uniquement chauffé par le souffle des paroissiens et les bougies qu’ils avaient apportées. Il devait y avoir un bon millier de chaises, et pourtant de nombreuses personnes durent rester debout. Les officiants étaient deux popes orthodoxes et deux prêtres catholiques ; cet œcuménisme était bienvenu en ce jour, en cette année, en ce pays.

Oksana chanta comme jamais elle n’avait chanté, ce qui fit rire Bohdan et Luba. 

– Maman, qu’est-ce qu’il t’arrive ?!

Le rire de ses enfants décupla ses forces et elle chanta encore plus fort. Sa mère tentait de la suivre et son père souriait. Que ressentaient-ils tous, en ce moment, chacun.e ? Et Anton, où était-il ? Il sembla à Oksana que les officiants trouvèrent les mots dans leurs sermons, l’un prononcé par un prêtre, l’autre par un pope. Même si le premier était plus clair que le second, les deux condamnaient les violences et ne confondaient pas l’agresseur et l’agressé.

À la fin, les religieux appelèrent chacun à empiler les chaises sur le côté de la salle, tandis que les personne mandatées alignèrent une rangée de tables au centre du gymnase, sur lesquelles serait servi le vin chaud. « Et du chocolat chaud pour les enfants », annonce qui entraina une rumeur de satisfaction. En restant dans la salle où avait eu lieu l’office, on profiterait de la chaleur accumulée, et on serait bien.

Ce fut le cas, en effet. En plus du vin et du chocolat chaud, il y avait des bretzels et des morceaux de saucisson, qui furent distribués progressivement, afin que tout le monde pût en profiter. Quelques femmes avaient pu confectionner des gâteaux, qui furent très appréciés. Alors que la salle se remplissait des effluves d’alcool et de cannelle, les cœurs se rapprochaient et se gonflaient, on reprenait espoir, on vantait le courage des soldats, on renforçait les réseaux de résistance et de solidarité. De nouveaux chants retentirent, davantage patriotiques que religieux, mais il n’y avait pas grande différence. Ce sont de simples balades et des chansons d’amour qui apportèrent le plus grand réconfort. Pendant que les enfants couraient en tous sens, les adultes retrouvaient un peu de la douceur qui leur manquait tant depuis que les barbares avaient apporté la destruction, la mort et la torture.

La salle se vida petit à petit à partir de 14 heures. Certains allaient profiter du soleil, qui n’empêchait pas le froid mais apportait une lumière fondamentale pour la peau et pour le mental. Les parents d’Oksana rentrèrent, mais elle et ses enfants, avec une autre mère et ses enfants, allèrent jusqu’à un parc en centre-ville. Ils ne purent éviter la vue d’immeubles éventrés par des missiles : ce qu’il était advenu des habitants était trop horrible pour être mentionné. 

Les deux mères et les quatre enfants se séparèrent à 15 h 45, peu avant que le nuit tombe. Oksana, Luba et Bohdan prirent le chemin du retour, slalomant entre les plaques de verglas qui demeuraient sur la neige sale. 

– Maman, tu n’oublies pas la surprise, hein ?

– Tu as dit vers 17 heures, c’est bientôt !

Non, elle n’oubliait pas la surprise. Elle y pensait même beaucoup, car elle n’était pas sûre de son coup. Elle y croyait pourtant, il fallait que ça marche, pour tout le monde. Elle avait mis ses parents dans la confidence, qui devaient jouer le jeu.        

Ils se changèrent en rentrant et se séchèrent comme ils purent. Dans ces moments, l’absence de chauffage était très dure à supporter. Le froid du dehors n’est rien quand on rentre dans un appartement bien chauffé ; mais quand aucune chaleur ne vient remonter la température de votre corps, le physique et le moral en prennent un coup. Pourtant ce jour, il ne fallait pas penser au froid, et il fallait rester dans la lumière.

– Comme pendant l’office, allumons des bougies, c’est Noël. Et si vous refaisiez un dessin ou deux, pour décorer ?

– Mais Maman, répondit Luba, nous n’avons plus de feuilles et tous mes crayons sont usés !

Oksana se mordit les lèvres, se maudissant de son erreur, qui rappelait leur dénuement au plus mauvais moment. Elle ne devait pas craquer, il fallait rester positive. 

– Tant pis, mettons juste les bougies. Et rangeons un peu. Nous devons garder notre appartement propre et agréable.

Ils en étaient là quand un toc-toc retentit à la porte. Bohdan se précipita, et quelle ne fut pas sa stupeur de se retrouver face à saint Nicolas, qui, comme il était de coutume en Ukraine, n’avait pas de cape rouge et blanche comme le père Noël, mais une chasuble de pope et une grande barbe lui aussi. 

– Maman ! C’est le Santa-Claus !

– C’est vrai ?! C’est ça, la surprise ? demanda Luba qui accourait.

Oui, c’était ça la surprise. Dans la pénombre atténuée par les bougies qu’on avait allumées, on fit entrer saint Nicolas, qui eut ses mots :

– Merci de m’accueillir chez vous. Je viens de loin et j’ai beaucoup travaillé, j’ai besoin de me reposer.  

Il parlait avec une voix éraillée, peut-être avait-il pris froid. Comme il faisait sombre, on voyait mal son visage mangé par la barbe et couvert par un bonnet enfoncé jusqu’aux yeux. Cela n’empêchait pas les enfants, comme la mère et les grands-parents, de le dévisager. La tunique religieuse détonnait avec ce visage et au-dessus de chaussures énormes qui ressemblaient à des souliers de montagne. 

Saint Nicolas avait aussi un sac informe, prêt à craquer. Il l’ouvrit péniblement. 

– Est-ce que je pourrais avoir un thé bien chaud ? demanda-t-il de sa voix cassée. En échange, j’ai un cadeau pour chacun. 

– Un cadeau ?! s’exclamèrent en chœur les petits. 

Tandis que le grand-père, comme il avait été convenu, descendait avec le samovar faire chauffer l’eau dans la cour et qu’Oksana et sa mère apportaient sur la table des verres, du sucre, des assiettes et le gâteau qu’elles avaient réussi à préparer pour ce jour, saint Nicolas dit aux enfants suspendu à ses paroles :

– Venez à côté de moi. 

Ils s’empressèrent. Alors il attrapa d’abord un sac en papier, rempli semblait-il de plusieurs éléments rectangulaires, qu’il offrit à Luba.

– Il n’y a pas de papier cadeau, mais j’espère que ça te plaira.

La petite saisit le sac et, jetant un coup d’œil à sa mère pour obtenir son approbation, en tira l’un après l’autre deux cahiers à dessin et une boîte de 24 crayons de couleur.

– Des crayons ! Et des cahiers ! J’en avais plus ! 

Elle s’écarta aussitôt pour les essayer, tout en regardant ce qui allait suivre pour son frère. 

– Pour toi, je n’ai même pas d’emballage, mais je ne crois pas que c’est utile. 

Saint Nicolas se pencha vers son sac de voyage et des deux mains saisit un ballon de foot flambant neuf qu’il remit dans les mains de Bodhan.

– Waouh ! Un ballon de foot ! Je vais pouvoir jouer avec Taras et Bohuslav ! Maman !  

Maman avait les larmes aux yeux.

Elle pleura complètement quand saint Nicolas sortit une petite bouteille et la poussa vers elle. C’était une eau de toilette.

– Ce n’est pas un grand parfum, mais il sent bon et t’ira très bien.

Enfin il prit une boîte de thé qu’il poussa vers la grand-mère, un paquet de tabac et une pipe qu’il tendit au grand-père. 

– Merci. 

– C’est trop. Il ne fallait pas.

– Où as-tu trouvé tout ça ? questionna Oksana malgré sa gorge nouée.

– Les jeux pour les enfants, c’était dans un village près de Mykolaev. Les Russes y avaient fait des ravages. Dans l’épicerie dévastée, il restait quelques articles qui n’avaient pas été pillés. J’ai donné les kopecks que j’avais au pauvre vieux pour ce ballon et ces crayons. 

– Et le parfum ?

– Le parfum, c’était à Zaporijia, dans une petite galerie marchande. Le tabac et le thé aussi. Je voulais des oranges et des chocolats, mais il n’y en avait pas.

– C’est parfait.

Elle avait envie de se serrer contre saint Nicolas mais elle devait attendre encore un peu. Bohdan, avec la spontanéité des enfants, lui facilita la tâche, en remarquant :

– Maman, tu as tutoyé le Santa-Claus !

Ce qui entraina un éclat de rire et détendit l’atmosphère dans la pièce fantomatique où dansaient les ombres créées par les bougies. 

– Sais-tu pourquoi elle a tutoyé le Santa-Claus ? demanda celui-ci avec une voix différente de celle qu’il avait utilisée jusque-là.

Les enfants se figèrent, comme s’ils reconnaissaient quelque chose. Et quand le personnage enleva son bonnet, puis délicatement retira sa barbe de gauche à droite, Luba et Bohdan crièrent en même temps :

– Papa !

Arrivant chacun d’un côté de la table, en la bousculant, ce qui fit vaciller les bougies, ils vinrent se presser contre lui en répétant :

 – Papa ! Papa !

Saint Nicolas les prit sur ses genoux, les embrassa et les câlina : il était redevenu un homme. Mais, en cette période si sombre, il avait accompli un miracle, un miracle de joie et de lumière. Un miracle de Noël en Ukraine.

12 commentaires

  1. Splendide. Quel courage ont ces Ukrainiens : pas de chauffage, pas d’électricité, pas d’eau.. Et il fait moins15 dehors. Ils nous donnent une leçon, ils sont un exemple. Merci Monsieur l’écrivain de nous le montrer de si belle manière. Bon Noël à tous

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  2. Je souhaite vraiment qu’il n’y ait qu’ UN Noël en Ukraine de ce type.
    Quel bonheur de vivre en paix.
    Vous avez terminé sur le rire des enfants. Merci…
    Très belles fêtes de fin d’année à vous et votre famille.
    Continuez à nous émouvoir.
    Joëlle

    Aimé par 1 personne

  3. Dans un contexte terrible, une évidence : il est possible d’apporter de la joie en offrant autre chose qu’ un objet coûteux… on a perdu ces repères là. Devra t’on en passer par une guerre et un drame pour apprécier de nouveau la simplicité d un présent et/ ou d un petit geste offerts avec le cœur?

    Aimé par 1 personne

    1. Les Ukrainiens nous ont appris tant de choses, cette année : le courage, le prix de la liberté, l’existence du mal absolu. Et en effet ce que tu soulignes : on peut faire beaucoup (de bien, de joie, d’amour) avec très peu (d’argent, de confort, d’objets). Merci ma Pom. Bon Noël à toi et à ceux qui sont près de toi.

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