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Vous êtes quelqu’un qui a ses peines, ses douleurs et ses embêtements, mais qui ne se considère pas comme une victime, du système ou de la société. Quand vous rencontrez des difficultés, vous n’en voulez pas aux autres et vous n’accusez pas le président, le gouvernement ou un bouc-émissaire. Vous pensez que la vie n’est pas facile, qu’elle se montre souvent cruelle, mais vous reconnaissez que vous avez plutôt de la chance par rapport à d’autres terriens.
Vous n’oubliez pas que la plus grande chance est de vivre en paix et de manger à sa faim, dans un endroit où sont garanties les libertés fondamentales et où chacun peut être soutenu quand il en a besoin.
Vous trouvez normal qu’il y ait des imperfections et des complications, parce que vous comprenez qu’il n’est pas facile de faire vivre ensemble des millions de personnes – des milliards à l’échelle mondiale – sans quelques couacs. Vous estimez que, globalement, les responsables des pays démocratiques font ce qu’ils peuvent, avec leurs qualités et leurs défauts, et qu’on peut les laisser gouverner au moins jusqu’aux prochaines élections, puisqu’ils ont été élus par un vote accessible à tous.
D’une manière générale, vous considérez que personne n’est parfait, que chacun commet des erreurs et poursuit des intérêts qui lui sont propres. Ces intérêts particuliers sont acceptables tant qu’ils ne mettent pas en péril l’intérêt général. Vous proclamez que les institutions que sont l’éducation, la justice, l’hôpital, l’armée, la police, accomplissent des missions magnifiques et doivent être respectées.
Dans votre vie quotidienne, au travail, dans le quartier, dans les lieux où vous passez, vous êtes calme et œuvrez à la concorde plutôt qu’à la discorde, vous apportez l’amour plutôt que la haine. Quand un individu dit ou fait quelque chose, vous ne le dénigrez pas sur Facebook ou sur Twitter. Vous ne prétendez pas être capable de donner un avis sur tout, et vous savez encore ce que veulent dire les mots sagesse et humilité.
Vous appréciez les réalisations de ceux qui font, ou tentent, et vous essayez de voir le bien plus que le mal. Vous croyez à la gentillesse, à la douceur, à la modestie. Vous croyez que ces qualités, que chacun peut acquérir s’il ne les possède d’emblée, sont les gages d’une vie bonne, pour vous comme pour votre entourage.
Cependant, vous n’êtes ni béate ni bêta. Vous estimez qu’il convient de punir les crimes et les délits, sans laxisme. Vous pensez même que l’on devrait être plus sévère avec les auteurs d’incivismes et tous les comportements égoïstes et irresponsables qui minent la société.
Vous déplorez l’influence néfaste des chaînes de télévision et des réseaux dits sociaux quand ils recherchent et entretiennent le drame et la polémique. Vous regrettez que la bêtise, l’anathème et la violence soient si présentes sur les écrans, notamment sur ceux des plus jeunes.
Vous trouvez que la vie est souvent belle et que les sources d’émerveillement sont innombrables. Vous aimez le lieu où vous vivez, mais vous ne voulez pas vous replier pour autant. Vous êtes conscient.e que le monde évolue, que la population mondiale augmente et qu’il est logique que ceux qui souffrent de la misère et de la guerre cherchent à échapper à la mort. À ce propos, vous n’oubliez pas qu’il n’y a pas si longtemps, en 1940, des millions de Français et d’Européens du Nord fuyaient l’armée allemande et qu’ils ont été soulagés de trouver dans le Midi, en Espagne, en Suisse, en Algérie, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis des personnes qui ne les ont pas rejetés mais accueillis. Vous souhaiteriez que la question vitale et complexe des migrations soit traitée avec plus de bonne volonté par les pouvoirs publics européens et les Européens eux-mêmes.
Cela n’empêche pas que vous voulez que soient préservées la laïcité, la démocratie représentative, l’égalité homme-femme. Vous voulez que les valeurs de la république soient les règles de base de la vie dans notre pays et sur notre continent. Vous affirmez que toute personne qui ne respecte pas ces principes fondamentaux n’a pas sa place au sein de l’Union Européenne.
Quand elle n’est pas liée à un événement exceptionnel et dramatique, la colère est une erreur. Le colérique s’énerve parce que le monde ne tourne pas autour de lui. Le colérique décharge sur les autres les frustrations qui sont les siennes. Se laisser aller à la colère, c’est se tromper de regard.
C’est ce regard qu’il s’agit donc de changer. Parce que le regard entraîne des mots et des comportements. Le monde est ce qu’il est, mais on peut le regarder d’au moins deux manières :
– hurler contre ceux qui ne nous plaisent pas et bloquer les initiatives ;
– se féliciter de ce qui marche et, chaque fois qu’on le peut, mettre de l’huile dans les rouages.
Comment changer les regards ? Beaucoup de choses peuvent être accomplies via des engagements, locaux, associatifs, informels. Mais le plus simple est de montrer l’exemple, avec un comportement calme et constructif, en expliquant l’inanité de la colère chaque fois que nous en avons l’occasion. Beaucoup d’individus qui se laissent aller à la colère opteraient pour une autre attitude, plus constructive, si on leur montrait les vertus de l’apaisement et si on les accompagnait dans cette direction salutaire.
Soyons ces facteurs et ces acteurs de paix. La colère est contagieuse, mais la sérénité l’est aussi, de même que l’écoute et la bonne volonté. Nous pouvons tous être et agir, là où nous sommes, en nous appropriant cette affirmation d’Edmond Rostand : « Je chante en mon vallon en souhaitant que dans chaque vallon un coq en fasse autant ».
Ne crions pas contre, chantons pour.
Malgré mes difficultés, mes peines et les épreuves de la vie, je me trouve relativement chanceuse pour personne. Merci pour ce texte Pierre-Yves.
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Mon petit grain de sel.
Je fais confiance à ceux qui m’entourent. La vie n’est pas rose bien sûr mais, un coup de fil, un message, un lien pour découvrir un livre, un poème, un spectacle, un concert…. enfin tout ce qui peut conduire à un moment de partage, quel bonheur!!
Il faut aller au cinéclub d’Allassac, au théâtre à Brive ou ailleurs, dîner d’une pizza (en terrasse actuellement mais c’est provisoire), proposer un apéro dînatoire ou un atelier d’écriture. Nous avons le choix.
L’important c’est d’aimer les autres.
Joëlle
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Voilà un bon grain de sel. Merci Joëlle.
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Sache donc cette triste chose – Que nul, Coq n’a tout à fait le chant qu’il rêverait d’avoir !
Edmond Rostand
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Nous ne chantons pas parfaitement, en effet, cher… Edmond : mais quand on y met du cœur, cela donne un beau chœur.
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La colère spontanée est une faiblesse. Pour la maitriser il faut justement une grande maitrise sur soi exercice de toute une vie. Et si nou_s la remplacions par le dialogue la sérénité la tolérance et le sourire!
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Je te reconnais dans ces valeurs, chère Francette, et suis heureux d’être lu par toi.
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Chacun a sa resposanbilité, et peut contribuer à « la guérison du monde » comme dit Frédéric Lenoir. Vous le rappellez de très belle manière
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Vous avez raison, Jeanne : « la guérison du monde » dépend de chacun d’entre nous.
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Notre ami Pierre-Yves Roubert nous offre une profession de foi contre la colère et pour la paix. En ces temps d’élections sous tension, c’est une tentative courageuse.
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« Tentative courageuse », que tu encourages, cher Jean-Claude, avec ce commentaire. Merci.
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