Et il vint

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C’était un 24 décembre un peu triste. J’avais quand même prévu un repas, posé des bougies et du sapin sur la table. Nous avions été à la messe à 18 heures. À nos âges, on n’a plus la force de sortir le soir. Et plus l’envie. À quoi bon… Nos enfants étaient partis, et ils n’avaient pas eu le temps de nous laisser des petits-enfants. Mathilde était morte à 28 ans, cancer. Yvan, son frère, vivait en Nouvelle-Zélande ; il ne revenait que tous les deux ans, l’été ; il était fâché avec son père.

Alors nous passions le 24 décembre comme les autres soirs de l’année : à deux et avec la télé. J’avais mis ma robe de laine rouge et mes souliers vernis, André son costume de flanelle. Il avait été chercher des huitres, j’avais préparé des bouchées à la reine et un gâteau roulé. On ne mange plus beaucoup, on digère mal. Mais nous faisions un effort, il fallait tenir, quelques années.

La sonnette a retenti. On a sursauté. André m’a regardée. Il s’est levé. Je l’ai suivi. Il a ouvert la porte, et nos yeux se sont écarquillés. J’ai mis une main sur ma bouche, André a tremblé. Devant la neige éclairée par la lune, se tenait notre fils.

–Papa, Maman, je voulais passer Noël avec vous. 

Comme nous n’arrivions pas à parler, il s’est écarté et il a dit :

– Je vous ai amené deux cadeaux : une belle-fille et un petit-fils.

Une jeune femme est apparue, un bébé dans les bras. Il y eut encore un miracle quand Yvan ajouta :

– Je vais rentrer en France. On va s’installer pas loin.

Quatre ans ont passé depuis ce Noël, il n’est toujours pas fini.

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